Nous sommes le 28 décembre : réveil à 5H30 pour prendre le train au départ de Fiano pour me rendre à Manakar.
Le prix du billet est de 25 000 AR. Nous partirons si tout va bien à 07H00, il y a 180 km à effectuer.
Les vazahas sont obligés de prendre des billets de 1ère classe. C'est un train pour voyageurs mais aussi un train de marchandises. Nous nous arrêterons dans 18 gares. Chaque région de Mada a ses ressources (légumes, fruits, viandes, poissons...).
Je fais la connaissance de Philippe et Hugo (surnom de la femme qui n'a pas voulu me donner son véritable prénom), architecte et dessinatrice à la retraite dans un an. Ils comptent ensuite voyager 6 mois par an.
Florent qui travaille pour à l'ambassade de France avec sa petite amie espagnole dont j'ai oublié le prénom (Azafady!! qui veut dire pardon et qui se prononce azafad...).
Après le troisième arrêt, trois petits enfants vont prendre place.
A chaque station on décharge des marchandises pour en charger d'autres. Parfois le train décroche pour aller chercher un autre wagon sur une voie parallèle. Les badauds sont nombreux et vous proposent des écrevisses, des litchis, du poulet, des samosas, de la vanille, ananas, café... bref tout ce qui peut se vendre.
Nous négocions avec le cheminot pour nous assoir à l'avant de la locomotive moyennant un petit billet. Le prix Vazaha est de 10 000 AR par personne. Je le regarde avec de grands yeux, lui annonce 2500AR par personne et tourne les talons. Il me rappelle et accepte ma proposition.
Les malgaches vous annonceront toujours un prix 30 à 50% supérieur. Il faut donc toujours négocier, c'est le jeu. Nous voici donc assis en tête de train avec Hugo. Un petit bonheur.
Le temps total du trajet se fera en 10 heures, incluant la pause de l'équipe de chemin de fer parti déjeuner ¾ d'heure en nous laissant sous un soleil de plomb.
Il est 13H30 tous les passagers vazahas s'endorment à tour de rôle. Les petites brises se font rares, on transpire et on fatigue. Il nous reste encore 4 heures de trajet.
Au soleil couchant nous approchons enfin de notre destination finale. La voie de chemin de fer traverse la piste d'atterrissage des avions :).
17H30 Je retrouve Thierry à la gare et m'emmène à l'hôtel les Délices en plein centre ville. Il me présente ses amis et me propose de remonter le canal des Pangalanes, construit par les français pour favoriser le commerce de la côte Est, pendant deux jours.
Je fais la connaissance de Jackie, son meilleur ami, sa femme, Jacques (qui est enrhumé et qui par sa générosité me transmettra son rhume deux jours plus tard), et Jean qui a une exploitation de la vanille et d'huiles essentielles (à visiter absolument tel 032 44 53 25). Je ne veux pas vanter les mérites de Jean mais sa vanille est de très bonne qualité.
Le lendemain matin alors que je prends mon petit déjeuner, entrent dans l'hôtel Pierre-Marie et Jocelyn avec qui je passerai trois jours formidable.
Ils me proposent de partir à la plage avec eux. Nous partons pour le « trou du commissaire » à 8 km de la ville.
En chemin nous prenons une jeune fille (Nenintsoa qui veut dire « tout ce qui est bon de la mer ») qui revient de la ville pour rejoindre sa famille au trou du commissaire.
Elle est habillée très simplement. Pierre-Marie me suggère de la prendre en charge pendant trois jours et m'explique que sa famille doit être très pauvre.
Nous nous baignons dans une « piscine naturelle » protégé par une barrière cobalt ,enfin je crois, qui empêche de toute façon les requins d'approcher.
Nous achetons des cocos vertes pour nous désaltérer.
Pierre-Marie a faim : c'est simple nous allons voir les pêcheurs locaux, nous faisons notre petit marché de poissons et le faisons cuire par les gens du village (un vrai bonheur).
Nous prendront ensuite une petite douche d'eau douce avec un tuyau d'arrosage pour 200AR soit 8 centimes par personne.
Notre journée se termine et proposons à Nenintsoa de nous rejoindre le lendemain en ville.
Arrivé à l'hôtel j'explique à Thierry que je ne ferai pas les Pangalanes avec lui. Pierre-Marie me propose de déménager et d'aller m'installer avec eux Aux Délices, les autres bungalows au bord de la mer.
Je ne me le fait pas dire deux fois.
Le lendemain matin nous retrouvons Nenintsoa (prononcé Nenssou) et les deux filles partent devant au marché pour aller faire des emplettes. Nous devons rester en arrière car si les vendeurs nous voient ils tripleront le prix. Je vous épargne les odeurs du marché, du poissons séché, de la viande à même l'étal, un simili caniveau d'eau croupie..
Je lui achète un ensemble pour 7 euros, du vernis à ongle, du rouge à lèvres. Elle est aux anges, enfin je crois car elle ne parle pas un mot de français et le malgache a tendance à adopter un air mélancolique. Jocelyn sert d'intermédiaire et me dit que Nenintsoa est vraiment touchée.
Nous décidons également d'acheter du riz, de l'huile, du sucre,du maïs, un peu de miel, du poivre bref de la nourriture de base pour sa famille. De notre côté nous achetons de quoi faire une bonne salade et une sauce pour le poisson de midi.
Retour à notre petite plage pour piquer une tête.
Martin 034 43 531 81 ou 034 45 942 24, le frère de Nenintsoa, nous explique que pour rejoindre le village la famille il faut soit un 4X4 par la piste soit une pirogue.Quelle chance il a une pirogue.
Nenintsoa a eu une fille à 17 ans qui a aujourd'hui 3 ans. Son petit ami de l'époque, apprenant qu'il serait papa, partit pour la capitale abandonnant la future maman et le futur bébé.
Nous faisons une petite halte au premier village pour choisir le poisson de midi.
Pierre-Marie en profite pour effrayer un peu les enfants du village.La encore j'ai une vidéo mais faudra attendre mon retour.
Nous ramerons pendant une bonne heure pour arriver à notre destination. Je fais la connaissance de la petite famille. Il est difficile d'exprimer ce que j'ai ressenti lorsque la maman, pour me remercier des produits que je lui offrais, s'est mise déverser des paroles de bonheur et de douceur que Jocelyn me traduisait. J'étais béni des dieux!!
Pendant ce temps Pierre-Marie remarque qu'un des petits enfants à une infection virale type galle (nous irons lendemain lui acheter un médicament).
Retour en pirogue pour aller déjeuner sur la plage.
Nous laissons les restes aux enfants et distribuons de l'ananas.
Vendredi 31 dernière journée plage. Pour ce qui est de la promenade pirogue, 2H30 la veille ont été largement suffisant. Je me vois mal, aujourd'hui, effectuer 2 ou 3 jours en expédition sur une barque.
Nous avons acheté le médicament et une petite robe pour une petite fille dont le père est décédé prématurément. Pierre-Marie m'affirme que cette robe sera vendue le soir même.
C'est le moment des adieux : Martin me dit que je suis son frère pour toujours et Nenintsoa me sert fort dans ses bras pour me remercier à défaut de pouvoir s'exprimer.
Aie ça fait deux fois que j'ai ma petite boule dans la gorge en 24 heures.
Nous rentrons sur Manakar et prévoyons un départ le lendemain à 5H30. Pierre-Marie et Jocelyn me propose de me déposer à Fiana (un détour pour eux de 100 km).
La soirée du jour de l'an sera très sage : à l'hôtel et couché à 21H30.
Les malgaches supportent mal le Dzamal (rhum local). Je préfèrent ne pas prendre de risques et garder un excellent souvenir de ce petit coin de paradis.
Timming européen : nous quittons l'hôtel à 5H40. La route est à nous. Nous ne croiserons que 5 ou 6 véhicules et passerons par des paysages désertiques ravagés par la main de l'homme.
Il faut savoir que la culture malgache pour l'exploitation des terres est de bruler des forêts pour obtenir une terre un peu plus riche avec les cendres. Seulement, une saison de pluie suffit à tout faire disparaître.
A mi-chemin nous prenons notre petit déjeuner : jus de chaussette, mouss gache (simili gâteau de farine à ne pas croquer entièrement au risque de vous retrouver avec du sable dans la bouche).
Si un dieu du voyage existe je le remercie d'avoir fait croiser sur mon chemin Pierre-Marie et Jocelyn.Je pense finir ma dernière semaine chez eux à Antsirabe avant de reprendre l'avion pour Tana.
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